Qu'est ce qu'un EIAH ?

Publié le par C.Cherkaoui

Qu'est ce qu'un EIAH ?

Le Terme EIAH

Les Environnements Informatiques d’Apprentissage Humain sont des systèmes destinés à favoriser des apprentissages chez leurs utilisateurs humains, souvent appelés "apprenants". Ces derniers sont placés généralement en situation active d’acquisition de savoirs et/ou de savoir-faire, tout en étant "plus ou moins" guidés à des degrés divers par le système.

Selon Balacheff (Balacheff, 2001), ce qui retient incontestablement l’attention dans le terme EIAH c’est surtout sa composante relative à « l’apprentissage humain », qui signifie que le champ couvre à la fois l’éducation et la formation, que ce soit en formation initiale ou continue, mais plus largement tous les secteurs de la connaissance pour lesquels on vise délibérément un transfert de savoir et de savoir-faire. 

Si l’on se réfère à l’approche de définition proposée dans (Tchounikine, 2002), nous pouvons constater qu’il suffit d’ajouter les termes « environnement informatique » à la composante précédente pour avoir une expression plus conséquente qui est celle « d’environnement informatique d’apprentissage humain ». Cette expression implique qu’un environnement informatique d’apprentissage humain intègre à la fois des agents humains (apprenant, enseignant) et artificiels (i.e. informatiques) en interaction. Les interactions dont il est question ici peuvent s’effectuer  localement où à travers les réseaux informatiques, tout en accédant à des ressources formatives (humaines et/ou médiatisées), locales ou distribuées. Un EIAH peut alors avoir différents rôles complémentaires : outil de présentation de l’information (un Hypermédia par exemple), outil de traitement de l’information (un système à base de connaissances qui permet d’aider l’apprenant dans la résolution des exercices) ou un outil de communication entre l’homme et la machine ou entre les hommes à travers la machine.

Pour compléter cette définition, nous nous basons sur les travaux de Koper (Koper, 2001), qui souligne qu’un EIAH est un système social qui peut être décrit avec ces éléments (ici agents humains et artificiels), qui interagissent entre eux pour constituer un ensemble qui fonctionne avec comme but principal l’apprentissage humain. Pour cet auteur, un EIAH inclut tous les objets, les contextes et le comportement des acteurs qui jouent un rôle important dans l’apprentissage. Dans ce sens, de tels environnements correspondent à des environnements pédagogiques. Nous préférons cependant le terme « environnement informatique d’apprentissage humain », puisque l’apprentissage est explicité dans le concept.

Origines du terme EIAH

Par ailleurs, du point de vue historique, le sigle EIAH, dénote une évolution d’idées et de conceptions de l’apprentissage humain, comme nous le préciserons en détail dans la suite. Les EIAH ont en effet, traversé différentes phases et approches, en passant par les systèmes d’apprentissage programmé sur les mainframes, les packages pédagogiques écrits dans des langages de programmation spécifiques et natifs tournant sur des micro-ordinateurs, des systèmes d’EAO (Enseignement Assisté par Ordinateur), systèmes auteurs, des tuteurs intelligents, d’EIAO (Enseignement Intelligemment Assisté par Ordinateur), puis l’EIAO (Environnement Interactif pour l’Apprentissage par Ordinateur), et plus récemment avec l’explosion de l’Internet, des systèmes hypermédia éducatifs, hypermédia adaptatifs et des plates-formes de formation à distance. Nous notons que ces derniers sont également appelés LMS (Learning Management System).

Sans vouloir rentrer très rapidement dans les détails historiques des EIAH, nous pouvons de suite faire la distinction entre deux grandes classes d’EIAH que nous aborderons dans ce mémoire.

Classes d'EIAH

La première classe concerne les EIAH qui ont largement hérité des recherches sur les tuteurs intelligents et sur les systèmes de type micro-monde. Ce sont des systèmes à base de connaissances, dont l’interaction se fait avec un apprenant isolé, en développant les fonctions d’assistance, d’aide à la résolution de problèmes. L’apprenant ici est ainsi plus ou moins guidé dans son activité d’apprentissage, ce qui implique donc une grande autonomie de la part de l’apprenant.

La deuxième classe s’intéresse aux dispositifs de formation à distance, qui permettent un apprentissage basé sur des scénarios d’apprentissage. Cette classe constitue d’une certaine façon une rupture avec l’enseignement de type face à face, en faisant éclater les espaces et les lieux d’apprentissage, c’est ce que Denis (Denis, 1995) simplifie en  soutenant le fait que la formation peut avoir lieu pour tous, tout le temps et partout.

Plus précisément cette deuxième classe d’EIAH est formée par des dispositifs de formation s'appuyant pour tout ou partie sur des apprentissages en auto-formation, à distance et pouvant faire alterner des séquences individuelles et collectives, synchrones ou asynchrones. Ils permettent de créer et de mettre à jour de nouvelles situations d'apprentissage (en complément à l'enseignement traditionnel), en offrant des applications riches et interactives, en permettant l’apprentissage collaboratif médiatisé par ordinateur et l'individualisation de la formation par des parcours adaptés aux besoins de chacun. Ces dispositifs se basent sur des plates-formes de formation à distance (LMS), qui sont des systèmes capables de gérer la totalité d’un processus de formation. Ces plates-formes sont capables de la mise en ligne de contenus ainsi que leur gestion, la gestion des parcours pédagogiques individualisées, la gestion des applications de communication synchrone et asynchrone, le suivi administratif de la gestion du présentiel des formations mixtes en gérant les regroupements et les emplois du temps des différents tuteurs. Tout cela nécessite à la fois des ressources humaines et matérielles supplémentaires, ainsi que des méthodes d'organisation et de travail  convenables.

La grande différence que l’on peut faire entre ces deux classes d’EIAH c’est que la première classe se compose d’un système informatique capable de gérer et de planifier automatiquement des contenus d’apprentissage qu’il propose à un apprenant isolé. La connaissance proposée par le système est la seule référence de l’apprenant. La deuxième classe se compose d’un ensemble d’acteurs (enseignants, concepteur pédagogique, tuteurs, apprenants, etc.) qui interagissent au travers d’une plate-forme. Cette plate-forme permet à l’enseignant de planifier manuellement des parcours à un apprenant ou à un groupe d’apprenants. Ces derniers peuvent apprendre de façon collaborative en interagissant avec les tuteurs, ou avec leurs pairs, selon différentes modalités synchrones ou asynchrones. La connaissance ici reçoit un statut social, et non plus individuel.

Enfin, il est important de mentionner que la recherche sur les EIAH est une recherche fortement pluridisciplinaire au sein de l’informatique comme elle l’est par ses différentes interactions avec d’autres disciplines. Cette caractéristique est marquée depuis les origines par un relatif cloisonnement des problématiques, des méthodes et des approches de modélisation (pédagogie, psychologie, didactique, informatique et au sein de l’informatique elle-même : les interface homme-machine (IHM), Intelligence artificielle, génie logiciel, etc.).

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